Dans certaines situations de crise dans la famille, au travail ou dans le couple, les personnes qui consultent espèrent (parfois secrètement) que le psychothérapeute dira qui a raison et qui mérite un carton rouge.
Est-ce que ce rôle d'arbitre est parfois un peu trop tentant pour le thérapeute, aussi?
Dans quelle mesure faut il céder au désir d'autonomie d'un adolescent?
Où se trouve la limite entre un environnement de travail exigeant et une situation de harcèlement intolérable?
Comment faire la différence entre des concessions librement consenties et des abus résultant d'une manipulation perverse?
Est-ce qu'un tiers qu'on peut supposer impartial aura des éléments de réponse à ces interrogations?
Que des personnes en détresse soient à la recherche de repères, de normes ou de critères est naturel. Mais pourquoi arrive-t-il au psychothérapeute de répondre à cette demande en jouant un rôle d'arbitre? Il sait pourtant qu'il ne devrait pas juger!
Cette erreur (car c'est souvent une erreur) se produit à l'instant précis où l'empathie (pour une souffrance) se transforme en sympathie (pour une cause). Le psychothérapeute doit reconnaître cet instant et faire un pas en arrière, avant de reprendre une place qui lui permet d'aider réellement ceux qui le consultent. Il doit informer et favoriser leur jugement sans y substituer le sien.
Aucun changement des attitudes ou des conduites n'interviendra si le psychothérapeute se satisfait de victimiser les uns ou de culpabiliser les autres.
La psychothérapie systémique part du principe que les règles relationnelles entre les personnes demeurent négociables.
Le rôle du thérapeute est donc de favoriser des changements qui rapprochent les personnes. Cela le conduit à privilégier des actes positifs, concrets et bienveillants pour dénouer une situation conflictuelle.
Dans toute situation de conflit, le psychothérapeute doit en premier lieu contribuer au dialogue.
Quand aucune entente ne semble possible, il peut encore faciliter l'abandon d'un projet commun dans des conditions qui préservent les intérêts de chaque partenaire.
Dans certains cas, heureusement exceptionnels, le psychothérapeute peut observer que la conduite d'une personne représente un danger pour elle-même ou pour son entourage. Orienter cette personne ou ses proches vers des solutions potentiellement contraignantes sera un choix toujours douloureux, même quand il paraît incontournable.
Cet article informe sur la pratique de l'auteur, est basé sur son expérience professionnelle et reflète ses opinions personnelles.