Aller vite, vraiment?
Le cadre spécifique de la thérapie brève
Mis à jour le mardi 25 octobre 2016 22:54 
Il est rare qu'une thérapie brève exige plus de dix entretiens pour amener un mieux-être significatif.
Est-ce réellement possible d'aller si vite, quand un problème paraît difficile à surmonter depuis des mois ou des années?
Un changement aussi rapide est il réellement durable?
Une thérapie, oui, mais... brève?
Définir une psychothérapie comme "brève" peut sembler un peu étrange.
Après tout, pour soulager les états d'âme à très court terme, l'industrie pharmaceutique propose une gamme de médicaments qui paraissent efficaces
(voir encadré 1). En intervenant directement sur la chimie du système nerveux central, ils sont supposés réguler l'humeur, dissiper la tristesse ou éteindre l'anxiété.
Toute autre démarche n'est-elle pas forcément longue? N'est-ce pas le prix à payer pour une solution qui ira "au fond" des choses?
Même si la thérapie brève vous intriguait par l'originalité de la vision systémique, vous pourriez être sceptique quand elle se prétend... oui, brève. Dans ce monde où tout vous contraint à la performance, vous choisissez enfin de prendre un peu de temps pour vous. Et voilà que votre psychothérapeute annonce qu'on va faire vite!
Une solution chimique
En agissant directement sur les neurotransmetteurs, les antidépresseurs peuvent stabiliser l'humeur dans un délai de quelques semaines seulement. Certains anxiolytiques soulagent un état anxieux en moins d'une heure.
Un (long) parcours analytique
D'inspiration freudienne, jungienne ou lacanienne, la psychanalyse tente de découvrir, au fil d'une cure qui peut durer plusieurs années, les processus psychiques inconscients présumés responsables des névroses de l'analysant.
Ou un changement stratégique?
Intervenant (le plus souvent) au coeur du tissu relationnel de la personne qui consulte, une thérapie brève cherche à en modifier favorablement les règles d'interaction dans un délai qui dépasse rarement trois mois.
Vous comprend-il vraiment? Est-il conscient de la gravité de votre situation? Et puis, est-ce que tout ce qui cause souffrance se résout en quelques séances?
Un angle spécifique
Malgré mon optimisme, que je voudrais contagieux et malgré mon expérience de résultats parfois surprenants... je tiens à spécifier le cadre précis dans lequel une thérapie brève peut se révéler efficace.
“Pour agir dans un délai bref, la thérapie systémique change les relations aux autres et à soi de manière stratégique et parfois paradoxale
”
Oui, nous chercherons à dénouer la situtation que vous affrontez actuellement au bout de cinq, dix ou quinze entretiens. Oui, les solutions que nous trouverons peuvent être durables. Mais.
Non, je ne détiens aucune réponse universelle à toutes les difficultés de la vie.
Pour agir dans un délai relativement bref, le psychothérapeute systémicien examine le problème sous un angle précis qui en dévoile les aspects relationnels. Cette perspective permet d'intervenir d'une manière spécifique et d'espérer des résultats à court terme.
Après quoi...
Votre richesse, votre complexité et tout ce qui fait votre humanité reprendront leurs droits. Et tous les petits tracas de votre quotidien? Aussi, oui!
Respectueux, tant de vos sentiments que de vos conceptions philosophiques, une psychothérapie brève basée sur le modèle systémique n'est, dans le parcours d'une vie, ni plus, ni moins qu'une étape.
Qui se veut... aussi brève que faire se peut.
Controverse
Si certains experts dénoncent la méfiance et les préjugés tenaces qui entourent les solutions médicamenteuses aux troubles de l'humeur... Si ces mêmes experts vont parfois jusqu'à recommander un "traitement à vie" pour éviter aux personnes dépressives tout risque de rechute...
D'autres chercheurs soulèvent pour leur part un grand nombre de questions quant à l'efficacité réelle des antidépresseurs, leurs effets secondaires et les risques de dépendance. Ils s'interrogent également sur l'influence de l'industrie dans le financement de la recherche et dans la publication sélective des résultats.
(Sources: Rapport Itinéraires des déprimés - Revue Psychotherapy and Psychosomatics)
