C'est un ensemble de symptômes physiques et intellectuels qui amène une personne professionnellement épuisée à consulter son médecin traitant.
Mais qu'en est-il des émotions négatives ou de l'anxiété que lui inspire son travail? En parle-t-elle?
Si l'épuisement professionnel demeure un phénomène difficile à cerner, un fait semble établi: Le burnout se distingue clairement des états dépressifs et anxieux. La recherche (voir encadré 1) est venue confirmer cette spécificité par une découverte surprenante: Les personnes sujettes au burnout pourraient bien être globalement moins dépressives que leurs collègues.
À vrai dire, une observation relativement simple rend compte de la différence entre burnout et dépression. Un trouble de l'humeur est souvent tellement envahissant qu'il envenime chaque instant de la vie. La dépression nous accompagne en voyage et au restaurant, gâche nos week-ends et nos fêtes, peut enlèver tout goût et tout intérêt aux choses que nous avons toujours appréciées. Ce n'est pas le cas pour le burnout dont les symptômes peuvent reculer et même totalement disparaître à l'occasion de moments de détente (voir encadré 2) ou lors des vacances.
Très caractéristiques du burnout sont aussi les soudains accès d'angoisse et les malaises à l'approche de toute reprise de l'activité. Ils interviennent le dernier jour des vacances. Ou au cours des dernières heures de chaque week-end. Ou tous les matins, au moment de se rendre au travail. Faut-il parler à son médecin traitant de ces débordements émotionnels dont on est parfois un peu honteux? Cela peut certainement contribuer à un diagnostic mieux informé et à un traitement plus adapté.
Sur le plan physique | Sur le plan émotif | Sur le plan intellectuel |
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Fatigue généralisée | Irritabilité | Pertes de mémoire |
Troubles digestifs | Cynisme | Distraction |
Nausées | Impatience | Incapacités d'exécuter des opérations simples comme le calcul mental |
Maux de dos | Négativisme | Difficultés de jugement |
Problèmes de peau | Désespoir | Indécision |
Maux de tête | Diminution de l'estime de soi | Sentiment de confusion |
Infections virales persistantes | Sentiment d'incompétence | Difficultés de concentration |
Déséquilibres hormonaux | Culpabilité | |
Insomnies | Aversion pour le travail | |
Hypertension | Anxiété | |
Problème de rigidité musculaire | Susceptibilité | |
Perte de poids | Diminution des capacités à communiquer | |
Sentiment d'abandon | ||
Méfiance | ||
Colère | ||
Agressivité |
Dans le travail avec les personnes en situation d'épuisement professionnel, j'observe que la spécificité du burnout n'est pas encore pleinement reconnue par tous les médecins généralistes. Un traitement médicamenteux approprié pour la dépression est parfois prescrit dans des situations où un arrêt de travail aurait probablement été plus indiqué. Les difficultés psychologiques majeures que peut poser la reprise du travail sont parfois sous-estimées.
Alors qu'ils examinaient la validité d'un instrument de mesure du burnout (le questionnaire de Maslach, comparable au questionnaire de Copenhague, présenté ici), des chercheurs néerlandais ont fait une découverte surprenante. Dans un article publié dans la revue Psychology & Health, ils signalent:
Il est remarquable que parmi les deux groupes que nous avons étudiés, celui souffrant de burnout est apparu moins "pathologique" en termes de problèmes mentaux et relationnels que celui qui ne souffrait pas de burnout. Les personnes en burnout présentaient en particulier moins de symptômes d'un état dépressif ou anxieux.
Dans cet enregistrement, le psychiatre et psychothérapeute suisse Alexis Burger nous décrit la triple souffrance intellectuelle, émotionnelle et physique liée au burnout.
S'il reconnaît que la sévérité des symptômes peut parfois exiger une prise en charge urgente (médication, arrêt de travail) il estime toutefois que le véritable traitement du burnout devrait être psychologique.
À son sens, la personne professionnellement épuisée n'évitera les rechutes qu'en examinant son rapport au travail. Le burnout devient alors une opportunité de renégocier ce rapport.