Coup de blues, grande fatigue ou épisode dépressif majeur?
Les mots simples ou savants sont moins importants que la réalité de tous les jours. Elle est douloureuse. Parfois injuste. Souvent épuisante. Et elle a de meilleures chances de changer, quand on la reconnaît.
Beaucoup de préjugés entourent encore la dépression. Pour la personne qui souffre, ces préjugés ne compliquent pas seulement l'accès à l'aide. Il arrive fréquemment qu'ils aggravent sa détresse.
Parmi toutes nos idées reçues sur la santé mentale il y en a une qui - il faut bien l'avouer - nous vient en ligne directe des premiers théoriciens de la thérapie brève. Je tiens donc à l'écarter la première!
Certains parmi ces thérapeutes estimaient que notre langage crée la réalité. Pour eux, les maladies mentales étaient des inventions (des constructions) qui n'existaient que par la grâce du vocabulaire savant des psychiatres. Ils pensaient qu'il suffisait de bannir ce vocabulaire pour que, comme par enchantement, il n'y ait plus de maladies mentales.
Seulement voilà... La réalité vécue d'une dépression (voir encadré 1) se moque de cette philosophie.
Ce que ressent une personne en détresse psychique ne change pas en fonction du nom qu'on donne à son état. Un sérieux coup de blues ne devient pas plus ou moins douloureux quand on l'appelle épisode dépressif majeur.
La deuxième dénomination permet toutefois un accompagnement mieux ciblé. Aujourd'hui, la recherche montre que cet accompagnement peut être aussi bien psychothérapeutique*Pour établir que les psychothérapies sont réellement efficaces dans le traitement des troubles de l'humeur... il fallait bien commencer par appeler ces troubles par leur nom! que médical.
Est-ce que des étiquettes comme "syndrome dépressif" ou "trouble de l'humeur" transforment un simple problème passager en maladie mentale, comme certains l'ont prétendu?
Dans ma pratique, je constate un effet plutôt inverse.
Les critères de diagnostic qui permettent d'évaluer la sévérité d'un épisode dépressif majeur (voir encadré 2) le rendent beaucoup moins mystérieux.
Ce qui arrive à la personne qui me consulte, d'autres l'ont vécu et décrit avant elle. Elle peut donc m'en parler plus librement, sans avoir le sentiment confus de me livrer les secrets inavouables d'un mal-être inédit, qu'elle serait la seule au monde à éprouver.
Le pluriel serait plus indiqué nous explique Claude Virot dans cet entretien réalisé à l'occasion du Congrès Dépression, hypnose et thérapies brèves (Rennes, 2010).
Le médecin psychiatre français définit les formes que peut prendre la souffrance psychique et les différentes circonstances de son apparition.
Conçu pour l'Organisation Mondiale de la Santé, le questionnaire MDI (que vous pouvez compléter ici) vous propose une série de questions simples sur votre humeur et sur vos activités quotidiennes en langage clair.
Il va de soi que son résultat n'est qu'une indication parmi d'autres que votre médecin traitant prendra en compte avant de poser un diagnostic et avant de recommander un traitement.