Un (simple) technicien?
Le psychothérapeute comme intervenant spécialisé
Mis à jour le jeudi 31 juillet 2014 07:51 
Aujourd'hui, les psychothérapeutes mettent en oeuvre des connaissances et compétences pointues. Leurs interventions suivent parfois des protocoles standardisés. Leurs résultats peuvent être consignés et quantifiés.
Tout cela est-il plutôt rassurant? Ou est-ce qu'un psy devrait être plus qu'un technicien?
Oui, la psychothérapie est (devenue) un métier
Il est loin, le temps des premiers psychanalystes qui concevaient des théories plus ou moins révolutionnaires à partir d'une expérience clinique parfois limitée et souvent très hétérogène.
De nos jours, la majorité des psychothérapeutes appliquent un savoir-faire qu'ils ont acquis par des formations universitaires (psychologie, médecine) et post-universitaires (techniques d'intervention psychothérapeutiques).
Il n'est pas rare qu'ils choisissent de s'intéresser à une problématique spécifique (troubles du comportement, de l'humeur, conflits relationnels) et de s'adresser à un public particulier (enfants, adolescents, adultes).
Oui, cette approche soutient une pratique responsable
“Les connaissances techniques ne sont pas suffisantes mais... elles sont nécessaires
”
Au moins trois choses ont changé au cours des dernières décennies. Depuis que le psychothérapeute est devenu un simple professionnel de l'aide aux personnes et depuis que sa pratique est devenue un métier plutôt qu'un art:
- La personne qui consulte a de meilleures chances de trouver un intervenant compétent et un cadre de travail sécurisant.
- Une approche plus rigoureuse et des référentiels reconnus par la communauté scientifique permettent de mesurer les bénéfices de différentes approches pour différentes situations de souffrance.
- Une meilleure appréciation de l'efficacité des psychothérapies incite les assurances santé à une meilleure prise en charge des frais.
Un quatrième changement sera, tôt ou tard, un cadre légal qui visera à protéger mieux encore les personnes qui consultent. Mais...
Mais... Nous ne sommes pas des machines!
Certains psychanalystes demeurés très fidèles à l'esprit des pionniers (Freud, Jung, Lacan, ...) dénoncent ce qui précède comme une dérive. Pour eux, la vision actuelle produit une psychothérapie normée, exercée par des intervenants sans âme qui considèrent la personne qui consulte comme une simple machine qu'il conviendrait de réparer.
Cette objection me semble partiellement fondée.
Rencontrer la souffrance psychique demande certainement un peu plus qu'un simple bagage théorique et technique. Cela étant dit, la même chose est vraie pour une foule d'autres métiers qui exigent humilité, humanité et ouverture d'esprit. Et qui, en même temps, ne pourraient pas s'exercer sans compétence formelle.
Conclusion: Vrai à 80 %
Un psychothérapeute devrait être plus qu'un simple technicien mais il doit être au moins cela. Ses connaissances théoriques et compétences techniques demeurent la base de son intervention. On sait aujourd'hui que l'efficacité de sa thérapie ne dépend pas vraiment de la méthode spécifique qu'il maîtrise et applique. Mais on sait aussi que sans savoir ni méthode, son intervention ne serait qu'un tâtonnement bienveillant. Et puis...
Et puis, même cette écoute, cette empathie et ce non-jugement que vous pourriez apprécier chez votre psychothérapeute auront une composante technique! Loin d'être innée, son attitude sera le résultat d'un apprentissage patient, amorcé par les formations, continué dans la pratique et soutenu par une supervision.
