La logique la plus rigoureuse, la pensée la plus généreuse... peuvent devenir absurdes, quand nous les poussons à leurs extrêmes. Il faut donc le dire sans détour. La théorie systémique a des limites. Et la thérapie brève ne résout pas tout.
Elle n'est certainement pas une alternative à des soins médicaux qui peuvent s'imposer, tant dans l'urgence qu'à plus long terme, dans le cas de psychopathologies graves.
Une situation relationnelle complexe n'est pas la cause de troubles psychiatriques. Le plus souvent, elle en est plutôt la conséquence.
Dans les années cinquante, certains théoriciens de la thérapie brève ont spéculé sur les effets toxiques de ce qu'ils appelaient la "double contrainte". Ils pensaient qu'un parent pouvait, par une communication déviante, précipiter son enfant dans un délire psychotique.
Le seul véritable effet toxique observé depuis fut celui de la théorie elle-même. Au désarroi que cause la maladie mentale d'un être cher, elle est venue ajouter la culpabilité.
Aujourd'hui nous savons que la famille peut, tout au contraire, être positivement associée à un processus de réhabilitation. Qu'un tel travail avec leur entourage peut avoir un effet important sur le taux de rechute, chez les patients schizophrènes.
Nous savons aussi que la psychothérapie systémique ne guérit pas. Qu'elle ne doit pas se substituer à d'autres prises en charge. Mais qu'elle peut certainement les compléter dans une logique de psychoéducation.
Reconnaître cette limite, c'est se donner une chance d'aider. Une chance de mettre à profit tous les apports précieux de l'école de Palo Alto dans une logique orientée solution.
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