Nous examinerons trois manières d’aborder cette rupture brutale dans la trajectoire d’une famille quand elle est confrontée soudain à la maladie mentale de l’un de ces membres. Les articles dont nous produirons des synthèses ci-dessous pour illustrer ces trois perspectives traitent plus spécifiquement de la schizophrénie.
Les premiers signes de ce trouble psychiatrique interviennent le plus souvent entre 15 et 25 ans (Häfner, et al., 1998), soit à un moment où le rôle des parents dans l’éducation de leurs enfants tend, dans des circonstances dites normales, à diminuer graduellement.
Comment ces parents peuvent-ils redéfinir leur relation à un enfant souffrant dont ils espéraient favoriser l’autonomie et qui se révèle soudain fragile tout en se conduisant parfois d’une manière hostile à leur égard? Cette question d’identité parentale est l’objet d’un premier article, paru en janvier 2003, dans la revue Qualitative Health Research.
La famille peut-elle, grâce à des programmes de psychoéducation qui l’informent, la soutiennent et qui l’associent activement à la prise en charge, devenir le système relationnel au sein duquel se construit un mieux-être pour le patient comme pour ses proches ? Un article paru en 2000 dans le Schizophrenia Bulletin (Vol. 26, n° 1), offre une revue de littérature analysant les résultats de 15 études pour déterminer quand et comment une telle psychoéducation paraît s’avérer bénéfique.
Et si, au lieu d’être thérapeutique, la famille entrait pour une part dans l’étiologie de la maladie mentale ? Plus de cinquante ans après la publication de l’article de Bateson et al. (1956) qui fit date dans les annales de l’antipsychiatrie en introduisant les concepts de la double contrainte (et de la mère schizophrénogène) et malgré toute l’opposition vive que cette vision a rencontrée, il demeure des chercheurs qui investiguent la communication familiale et la suspectent de pouvoir précipiter dans la psychose un sujet prédisposé. Nous ne savons pas s’il convient de saluer leur indépendance d’esprit ou de regretter leur persévérance mais nous rendrons compte d’un article paru en 2002 dans Thérapie Familiale (Vol. 24, N° 4) qui illustrera cette troisième perspective.
Pour la bibliographie de cet article, voir la page Références